excerpt from the Argentaye Tract (ca. 1480, Brittany)

Question d'armes a savoir si un homme peut et doit prandre
et porter armes a son plaisier et volunté.  A quoy 
les maistres et docteurs ont en leurs volumes ainsi respondu que 
d'armes sont deux manieres: savoir, les unes propres et particulieres, 
et les autres generalles et communes.  Propres armes ne se debvent
prandre ne porter par nul a qui de droict ilz ne apartiennent.  
Comme l'on sceit assez que pour l'empereur le signal de l'eigle est 
ordonné,, la fleur de lis pour l'ostel de France, le lepart
pour l'ostel d'Angleterre, l'ermine pour l'ostel de Bretaigne, la
crouez blanche pour l'ostel de Savoie et ainsi de touz autres 
royz et princes a qui les armes sont proprement deputees par
roison de leur principaulté, et que nul ne porte d'il
n'est yssu de droicte ligne exxtroit de celle maison et o
diffieance partinente.  Cez armes, nul ne doit se avancer a 
prandre ne porter qui n'en soit reproché de grant
pugnicion.

Autres armes y a que les marquis, comtes, vicomtes, barons et anciens chevaliers portent, pour que anciennement leurs predicesseurs, et desquielx ilz sont legitimement descenduz et leur on sucedé, portoient telz et pareilles armes que on doit entendre et anciennement avoir esté par donacion de empereur ou par privilege de roys. Et cez armes ne doit nul porter s'il n'est de leur propre sang, et que ce soit ou reaume en la province ou principauté dont ilz sont subgez. Car si autresfoiz le roy de France a donné a mon predicesseur ugn lion d'or pour armes et ugn chevalier alment porte pareilles armes, certes il ne me fait nul tort, ne n'en doit estre reproché ne pugny, car il est d'autre region et principaulté. Maies enun reaume soubz un maesme prince, nul ne doit prandre ne porter les armes d'autruy.

Autres armes sont propres a celz qui les portent par roison de leur office, et durant qu'ils exercent icelles offices et non autrement, comme les eleuz et gouverneurs d'une bonne ville durant leur office, ilz portent les armes d'icelle ville, comme le consulat de Montpellier durant son office porte: une pomme de gueules. Et ces armes icy, nul ne doit prandre ne porter qu'il n'en soit reproché et pugny comme faulsoire.

Autres manieres d'armes sont que chascun a prinses a son plaisir et volunté. Et come communement touz gentilzhommes portent armes chascune par soy differantes les unes des autres, affin que chascun soit congneu l'un de avecques l'autre, comme anciennement fut ordonné par l'empereur, et les autres roys ainsi le faire, a ce que, en la bataille, chascun fust congneu par le signal de ses armes qui debvent estre differantes les unes des autres. Et cez armes cy, ainsi generalles, chascun homme d'estat qui anciennement les a prinses et portees les peut bien meptre et faire paindre ou il lui plaira, mais que ce soit sur le sien, et non sur pocessions d'autri. Et ne les doit nul prandre ne porter s'il n'est extroit et yssu de la lignee de celui qui les porte plaines; et encore celui puisné ou extroit doit meptre differance partinente; autrement il en debvroit estre reproché et pugny comme faulsaire.

Il y a armes que chascun noble ou rural veult prandre et porter a son plaisir et volunté, et ceste maniere d'armes se trouve le plus souvent aux cités et bonnes villes, ou chascun prant et porte armes a son plaisir et colunté, aucunefoiz en assez vroy blason, aucunefoiz le contraire. Et telz armes se font sans bonne discrecion et ne sont pas guere loables, mais chascun citoien qui aura acquid du bien veult monstrer qu'il est homme d'estat et qu'il porte armes pour en estre plus honoré.

Et sur cez armes est sourdu debat en la ville dde Paris entre deux bourgeoys d'icelle, l'un nommé Jehan des Halles, et l'autre Gautier Dupont, car Jehan des Halles a prins et fait paindre pour ses armes: une vache de gueules a trois estoilles par dessus et les a porteés sans debat, et Gautier Dupont a prins et fait paindre pour lui icelles maesmes armes. Sur quoy des Halles lui donne empeschement de les porter, et le veult contraindre de les laisser, et Dupont dit que, ainsi comme plusieurs gens sont d'un nom que tout aussi pluseurs gens peuent porter unes armes, et que que soit de cez armes ainsi communes que chascun prant a sa volunté. Et sur ce debat noz maistres ont dit et determiné qu'il est des choses plus communes les unes que leas autres, comme les oiseaux et bestes champestres et sauvaiges qui n'ont point de propre refuge, lesquelles sont a celui qui premier le peut prandre et lui debvent demeurer.

Ainsi, si Jehan des Halles a premier prins lesdiz armes et portees sans debat, et fait paindre en sa maison aux aparoilz l'androis ou derrieres d'icelle en la ville de Paris, Gautier Dupont, qui est de celle maesme ville, nee les doit prandre ne porter. Car il sembleroit qu ce fust pour mouvoir question et debat, ce que ne se doit souffrir. Et le gouverneur de la ville ne le doit souffrir mais y meptre la procision, car il doit tenir les citoiens en paiz.

Mais si un bourgeois de Orleans avoit prinz icelles armes, Jehan des Halles, qui est de Paris, ne l'en debvroit empescher, car ce n'est pas en une maesme ville ou cité. Et de droit nul ne se doit avancer a prandre ne porter armes de nouveau si le prince ne les lui donne, ou sans le congé et licence du seigneur de la terre.


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Last modified: February 22, 1996

François R. Velde